Nous sommes à la fin des années 1960, et Fernande Grudet, modeste provinciale montée à Paris, est connue comme Madame Claude. Celle qui a toujours refusé le terme de « proxénète » et qui a pourtant été largement surnommée la « Reine des putes », a une forte influence certes sur le monde de la prostitution « haut de gamme », mais aussi plus largement, sur la police et les politiciens.
Il faut dire que parmi ses « amis » (on ne dit pas « client »), outre des bourgeois divers et variés, on trouve de grands noms du show-biz (Marlon Brando pour ne citer que lui), des politiciens français et étrangers, et des malfrats. Cela fait pas mal de relations… et pas mal de petits secrets honteux à garder !
Madame Claude a su créer un vaste réseau de prostitution de luxe, composé de jeunes femmes (très rarement au dessus de la vingtaine), qui ont en commun d’être très jolies. Véritable business woman, à l’heure où les femmes étaient encore massivement reléguées à leur rôle de ménagère, Claude porte des tailleurs de luxe, et s’impose face aux truands en costards. Elle reprend tous les codes d’un milieu bourgeois qu’elle a toujours rêvé d’infiltré, et parvient à se faire sa place.
Elle recrute ses « filles » avec exigence, et n’hésite pas à leur payer un passage sous le bistouri, si elle estime que cela sert ses affaires. On dit que les filles auraient été des centaines, au moins deux cents… et que beaucoup d’entre elles auraient accédé à des positions très enviables, dans le show-biz, comme actrices, chanteuses,…
Le film de Sylvie Verheyde était initialement destiné au grand écran, mais pandémie oblige, il a été lancé sur la plateforme Netlfix, le 2 avril 2021.
Loin de donner une image glamour de la prostitution, le film entend mettre en lumière le côté sombre, parfois violent de la plus célèbre des proxénètes. Ainsi, on alterne entre les scènes presque maternelles, lorsque Claude est entourée de ses « filles » et les passages beaucoup plus sombres…
La voix off de Claude, ne laisse aucun doute dès le départ, sur le côté tourmenté du personnage principal. C’est une provinciale fille-mère, qui voulait devenir quelqu’un. Elle a abandonné sa fille à sa propre mère, et est montée à Paris pour changer de vie.
Le film a une partie romancée, notamment pour le personnage de Sidonie, petit bourgeoise qui connait déjà tous les codes, et qui devient peu à peu le bras droit et la fille spirituelle de Claude. Ce personnage cache une blessure, qui explique sa volonté de devenir une « fille » et d’intégrer l’équipe de Claude. C’est son histoire qui apporte toute la force au film finalement.
Les premières critiques me semblent nuancées. Certains jugent que le film est lent et que l’image est sombre. Pour ma part j’ai passé un bon moment devant mon écran. J’ai trouvé l’histoire intéressante, et ai eu envie d’en savoir plus sur le personnage de Madame Claude. J’ai été troublée de la comprendre tout en la détestant.
Pour moi, ce film est une réussite, en ce sens qu’il parvient à donner une image juste du personnage, en expliquant comment cette femme en est arrivée là.
Un film qui devrait me plaire je le note !
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