Pendant des années, lorsque j’étais gamine, j’adorais Dalida. Je crois que j’étais ce que l’on peut appeler une fan, en ce sens que je découpais les articles du programme télé sur elle, demandais à mon père d’enregistrer les émissions à son sujet pour les visionner en boucle, et écoutais ses K7 non-stop (oui des cassettes, et si tu ne sais pas ce que c’est, Google est ton ami ! :p ).
Je n’ai pourtant pas connu Dalida de son vivant, puisque la star a mis fin à ses jours un mois ava,t ma naissance (comme ça tu peux calculer mon âge si cela te fait plaisir) mais malgré tout, ses chansons ont bercé ma jeunesse !
En 1997, j’avais dix ans, et à l’occasion du dixième anniversaire de sa disparition, les télés ont diffusé quelques documentaires consacrés à Dalida.
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Biographie détaillée
(tu peux scroller tout le texte bleu si tu souhaites t’en tenir à la version ultra -abrégée) !
Dalida, de son vrai nom Iolanda Gigliotti est née en 1933 au Caire, dans une famille italienne. Son père est Premier violon à l’opéra, et sa mère ne travaille pas. Elle est la seule fille, et a deux frères : Orlando et Bruno.
L’enfance de celle qui deviendra Dalida, est marquée par différentes opérations des yeux, sensées la guérir d’une infection contractée pendant son plus jeune âge. Pendant certaines périodes, elle vivra avec un bandeau sur les yeux, avec pour seul repaire, la musique du violon de son père… De là, elle gardera une peur du noir, et dormira toujours avec la lumière allumée. Le fait d’avoir dû porter des lunettes dans son enfance marquera aussi profondément Iolanda, très sensible à l’image que les autres ont d’elle…
En 1951, Iolanda se présente en cachette à un concours de beauté. Cela fait scandale dans sa famille, car elle prend la pose en bikini… C’est un déclic pour elle, qui a toujours été fascinée par les icônes de l’époque … Elle enchaînera en se présentant à Miss Egype, en 1954… et en terminant en haut du podium.
Son titre lui sert de tremplin et lui permet de tourner dans quelques films, avant de s’envoler pour Paris, toujours en 1954.
Mais tout n’est pas si facile, et la jeune femme se retrouve seule dans la grande ville, fort différente de son Caire natal.
De fil en aiguille, le rêve de devenir actrice s’éloigne, tandis que Yolanda caresse le projet de devenir chanteuse. Elle prend des cours, travaille dur et fait des essais dans différents cabarets.
C’est Bruno Coquatrix qui la repère et l’invite à chanter une première fois sur Europe 1. De fil en aiguille, elle rencontre Lucien Morisse, directeur Artistique d’Europe 1, qu’elle épousera, et Eddy Barclay.
La chanson qui l’a réellement révélée au grand public est Bambino. Lucien Morisse invente spécialement pour cette chanson, et pour sa protégée, le matraquage, qui consiste à diffuser le titre sur les ondes de façon répétée, pour être bien sûr que n’importe qui l’entende au maximum !
Suivront le tube Gondolier, le premier disque d’or, la foule en délire, les concerts,… La carrière de Dalida est lancée ! Le public l’adore !
Lucien Morisse a beau être déjà marié, il quitte sa femme, et épouse Dalida en 1961. Mais Dalida semble s’être mariée par reconnaissance, beaucoup plus que par amour… L’union avec son mentor ne durera pas. Elle rencontre l’acteur Jean Sobieski à Cannes, et tombe follement amoureuse de lui…

Ci-dessus : Dalida et Jean Sobieski
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La séparation d’avec Lucien Morisse ne se passe pas sans douleur, car il en veut énormément à Dalida et décide de lui faire payer sa trahison en ne la diffusant plus sur Europe 1 notamment. Mais Dalida continue son ascension fulgurante… Loin d’être effrayée par la vague yé-yé qui déferle sur la France, elle relève le défi et part même à la conquête de l’Asie…
C’est en 1964, que Yolanda devient blonde. Peu de temps après, son frère Bruno la rejoint à Paris, et prend le rôle de manager. Il devient Orlando, du nom du deuxième frère.
En 1966, Dalida rencontre Luigi Tenco, un jeune chanteur italien, qui propose une chanson pour le festival de San Remo. Le principe du festival est de présenter une star reconnue et un artiste moins connu, sur un même titre. Luigi Tenco et Dalida participeront ensemble, et interpréteront Ciao Amore Ciao... un titre qui résonne tristement, quand on sait que Tenco et Dalida entretiendront une courte idylle, avant que Tenco ne se suicide, le soir de la représentation…
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Trop stressé, il boit avant de monter sur scène. Son interprétation est ratée. Le public ne suit pas. Et malgré la prestation réussie de Dalida, et leur futur mariage programmé, Tenco se tire une balle dans sa chambre d’hôtel.
Cet événement dramatique semble marquer profondément la vie de Dalida. C’est elle qui découvre le corps sans vie de Luigi Tenco. Et quelques mois plus tard, ne parvenant pas à remonter la pente, elle tente une première fois de se suicider.
Le film
C’est à ce moment là que le film commence, quand Dalida commet une première fois l’irréparable. Elle est sauvée de justesse par un employé de l’hôtel, qui prévient les secours…
Nous suivons Dalida jusqu’à la chambre d’hôtel, puis voyons ensuite ses proches, qui parlent d’elle avec le Psychiatre. Il y a son frère Bruno (Orlando pour son nom de manager), Lucien Morisse, et d’autres qui apparaissent au fur et à mesure que l’on avance dans le film…
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(Retour à la biographie)
Dalida échappe de peu à la mort, et entre dans une phase particulière de sa vie. Elle lit, se cultive, et s’intéresse à la méditation, au yoga. Elle continue également de chanter, et de voyager. Elle part finalement pour l’Inde, où elle rencontre un sage.
Lucien Morisse se suicide en 1970. C’est encore un coup dur pour Dalida…
La carrière de la chanteuse continue, et les succès s’enchaînent. Dalida semble intemporelle. Elle s’adapte aux modes, et trouve toujours son public. Elle connait de nombreux succès, parmi lesquels son duo avec Alain Delon, Parole Parole en 1973.
Mais paradoxalement, elle est toujours très seule, et n’a qu’un seul rêve, qui s’éloigne de plus en plus… fonder un foyer, avec un mari et un enfant… Toutes les femmes rêvent d’être Dalida, mais Dalida les envie et aimerait être comme ses fans…
Elle noue une nouvelle relation avec le surprenant Comte de Saint-Germain, que l’on pourrait qualifier de doux illuminé, pour ses penchants mythomanes…
Et puis, Pascal Sevran lui propose une chanson en 1973, « Il Venait d’avoir 18 ans ». Le titre est un immense succès… C’est aussi une chanson qui touche profondément Dalida, car elle fait secrètement référence à Lucio, un étudiant de 22 ans, qu’elle fréquentait lorsqu’elle a elle-même 34 ans…
Dalida a quitté Lucio après être tombée enceinte de lui. Leur écart d’âge était trop important, Dalida a préféré se faire avorter, malgré le sacrifice que cela représentait…
Dalida chante dans tous les pays, dans toutes les langues. Partout ou presque, elle est acclamée. Son succès ne connait pas de frontières. Elle chante notamment en arabe, et interprète « Salma Ya Salama« , une chanson égyptienne encore bien connue de nos jours !
Dalida connait une période disco, porte des robes à paillettes, et continue de faire salle comble.
Sa vie privée n’est pas épanouissante. Elle se noie dans le travail pour oublier ses soucis avec les hommes.
Troisième drame dans la vie de Dali, le Comte de Saint Germain, dont elle est séparée, se suicide en 1982. Trois de ses ex se sont ôté la vie. Tout cela est difficile à encaisser pour elle…
Dalida semble amoindrie, fatiguée. Elle accepte néanmoins de tourner dans un film de Youssef Chahine, metteur en scène égyptien. Elle tient le rôle central dans le Sixième Jour.
Le film ne rencontre pas le succès attendu, pourtant Dalida y est très touchante dans le rôle d’une grand-mère égyptienne.
Le 3 mai 1987, Yolanda décide de mettre fin à ses jours. Elle s’arrange pour congédier son employée de maison, fait mine de partir en voiture, puis revient à sa maison de Montmartre, et avale une forte dose de barbituriques. Elle laisse une note « La vie m’est insupportable. Pardonnez-moi. »
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Sveva Alviti
Le film de Lisa Azuelos est impressionnant. La Réalisatrice avait pensé confier le rôle clef à une actrice connue et reconnue. Fut un temps, Pénélope Cruz était évoquée, avant que l’on parle plus sérieusement de Nadia Fares. C’est finalement une (presque) parfaite inconnue qui a décroché la place : Sveva Alviti. Mannequin et ancienne joueuse de tennis, la jeune italienne de 32 ans a toujours rêvé d’être actrice, mais Dalida est son premier vrai grand rôle. Et elle relève pleinement le défi…
La ressemblance physique avec Dalida n’est pas ce qui trouble le plus, car Sveva n’est pas un sosie de la chanteuse. Par contre, sa gestuelle et son interprétation font le reste… Sans jamais singer, elle incarne une Dalida plus vivante que jamais. Pour moi qui ai vu et revu les reportages sur Dalida, je n’ai pas revu les images, recopiées par Sveva, comme si l’actrice s’était entraînée devant les vidéos. Au contraire, j’ai assisté à quelque chose de nouveau, et de tout à fait crédible !
Par moment, l’interprétation est tellement réussie, que l’on a l’impression de voir la vraie Dalida sur l’écran !
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Et les autres acteurs ?
Oui, avec cette Sveva qui crève l’écran, on en oublierait presque le reste du casting, qui est pourtant énormissime ! Lucien Morisse est campé par l’excellent Jean-Paul Rouve. Je ne connaissais pas Riccardo Scamarcio, qui incarne Orlando avec (plus que) brio. Nicolas Duvauchelle m’avait déjà convaincue dans Maintenant ou Jamais, aux côtés de Leïla Bekhti. Là, il joue le rôle du Comte de Saint-Germain. Il y a aussi Patrick Timsit, et Vincent Perez… que du beau monde, connu ou moins connu, mais toujours fort crédible.
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Faut-il aller voir ce biopic ?
J’avais de grandes attentes par rapport à ce film. Je savais que je capterais sans effort la moindre erreur dans la bio de Dalida, et que je serais par conséquent un juge sévère.
Mais je me doutais aussi que le film me plairait, car j’avais entendu beaucoup de critiques très emballées. Et puis, il faut être un peu masochiste pour s’attaquer à un tel monument de culture populaire, et risquer les critiques des fans…
D’ailleurs, j’avais déjà vu le téléfilm en plusieurs parties, diffusé en 2005, avec Sabrina Ferrilli dans le rôle de Dalida. Et j’avais trouvé que celui-ci était fort réussi…
Oui, j’ai adoré le film. A la fin de la projection, si l’on m’avait proposé de regarder une deuxième fois le film, qui dure 2 h 00, j’aurais dit OUI sans aucune hésitation.
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La Réalisatrice a travaillé avec l’accord d’Orlando, et n’a donc pas ressorti de vieux dossiers du placard sans aucun respect pour les proches de la chanteuse disparue. Elle ne s’est pas contentée de brosser un portrait parfaitement lisse de Dali. En effet, elle a abordé ses faiblesses, et notamment son besoin viscéral de plaire au public, d’être aimée.
On retient de ce film que malgré une carrière impressionnante, Dalida a toujours manqué de l’essentiel : l’amour, le vrai. Elle a énormément souffert de l’absence d’un enfant, et a vécu de trop nombreux drames, qui ne lui ont pas permis de faire face…
Lisa Azuelos n’a pas fait l’impasse sur l’épisode douloureux de l’avortement, et a même évoqué les troubles du comportement alimentaires (comme on les appellerait aujourd’hui) dont souffrait l’icône à la fin de sa vie. En effet, Dalida était obsédée par sa ligne et se faisait vomir.
Lisa Azuelos a su trouver le juste équilibre, pour montrer Dalida en toute justesse, sans écorner son image, mais sans pour autant donner à voir un portrait factice, trop lisse, trop pailleté. Elle respecte la femme derrière la star, explique ce qui a pu passer pour des erreurs (son infidélité vis à vis de Lucien Morisse par exemple), et nous livre un biopic époustouflant…
OUI il faut aller voir ce film, que vous soyez ou non fans de Dalida.
Et je pense que trente ans après la mort de l’icône, de nombreux fans vont encore voir le jour !
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