N’oubliez pas Bergamo !

Bergame est une ville lombarde, voisine de Milan. Souvent, elle est laissée de côté par les touristes, qui préfèrent visiter Milan justement, capitale régionale et capitale économique de l’Italie.

Bergame

Je ne saurais honnêtement répondre à la question « Vaut-il mieux visiter Milan ou Bergame ? » tant ces villes sont différentes l’une de l’autre.

Milan mérite la visite car c’est une ville fascinante, avec une Cathédrale à couper le souffle, de nombreuses boutiques, une foule de musées. Mais zapper Bergame serait une erreur, car sa ville haute est absolument sublime; il faut s’intéresser à sa gastronomie bien à elle, flâner dans son son jardin botanique, et emprunter son funiculaire…

Bref, Milan ou Bergame ? Les deux mon capitaine ! Et aujourd’hui je vais vous présenter Bergame.

Bergamo

Détail de la gare de Stezzano

Se loger à Bergame même coûtait un peu trop cher à notre goût, alors nous avons choisi un hôtel à Stezzano, et pris le train pour nous rendre à Bergame. Cela ne demande même pas 10 minutes, et le billet est à moins de 3 € par personne. Autant dire que comparé à la voiture, qu’il aurait fallu garer dans un parking payant, le choix du train est avantageux.

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A gauche, vous pouvez voir le teatro Donizetti, dans la ville basse.

 

On a coutume de lire dans les guides, que tout l’intérêt de Bergame se trouve dans sa ville haute, coin historique où se concentrent la plupart des monuments. Mais la visite ne saurait être complète à mon sens, sans un petit passage par la ville basse. Pourquoi ? Tout simplement car c’est ici que vivent la plupart des bergamasques ; la vraie ville en quelque sorte !

Certes elle est moins pittoresque que la ville haute, mais de là à la trouver laide, je ne suis pas d’accord du tout ! Les terrasses sont agréables, et on peut profiter des boutiques, qu’il s’agissent des chaines que l’on retrouvent un peu partout, ou des petites enseignes.

Soit dit en passant… Saviez-vous que c’est de Bergame qu’est originaire la marque Kiko ?

 

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On sortant de la gare, si vous choisissez le train vous-aussi, vous emprunterez probablement la Viale Giovanni XXIII, qui vous fera passer à côté de la Parrocchia Santa Maria Immacolata delle Grazie. Elle est relativement récente (XIXème siècle) comme en témoigne son style néo-classique.

Avant sa construction, une église plus ancienne occupait l’emplacement, mais a été démolie au moment de percer la viale, qui menait à la gare.

Les œuvres abritées par l’église d’origine ont été déplacées dans plusieurs autres bâtiments religieux.

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Sur la photo ci-dessus, l’on peut voir l’église sur la droite, encadrée par la porta Nuova. Réalisée en 1837 pour le retour à Bergame de Ferdinand I d’Autriche, cette porte au style néoclassique marque aujourd’hui le véritable cœur de la ville basse.

Tout à gauche, la torre dei Caduti a été construite à partir de 1922. Elle mesure 45 mètres de haut, et rend hommage aux morts de la première guerre mondiale.

Sortez un peu de l’axe qui mène de la gare au funiculaire, écartez-vous de la Porta Nuova, et enfilez-vous dans les rues de Bergame… Vous pourriez bien être surpris par ce que vous allez découvrir !

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On a trouvé où se cachaient les bergamasques !

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Détail de la façade de la Banca d’Italia, viale Roma, 1

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Bergamo, ville basse

Nous avions prévu de trouver un petit resto en bas, puis de monter jusqu’à la ville haute à pieds. Mais en plein mois d’août, dénicher un resto ouvert, qui proposait des plats végétariens qui plus est, en pleine terre de la charcuterie, s’est avéré compliqué.

Contrada dei Tre Passi, au numéro 1, le resto Veg Eat m’avait répondu être ouvert, mais nous nous étions mal compris, car en réalité il était fermé tous les samedi du mois d’août. Pas de bol.

Donc nous avons traîné, traîné, traîné, sans regarder nos montres, trop occupés que nous étions à prendre des dizaines de photos, et quand nous avons commencé à avoir franchement faim, nous avons modifié nos plans, pris de le funiculaire et rejoint la citta alta !

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Le funiculaire est bien pratique, et pittoresque ! Seul point à garder à l’esprit, les billets ne peuvent pas s’acheter à la carte bancaire. Donc prévoyez un peu de monnaie…

A Bergamo il n’y a pas un, mais deux funiculaires :

• Celui qui relie la ville basse à la ville haute,

• Celui qui relie la ville haute au Colle di San Vigilio –> tout en haut, il y a un château…

C’est le premier que nous avons pris, et le billet valable 75 minutes coûte 1,30 € (soit 2,60 € pour un aller-retour). Il existe aussi un billet valable 24 heures pour le funiculaire, et le bus, à 3,50 €.

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Dès que l’on sort du funiculaire, on arrive sur une petite place, où se trouvent essentiellement des restos, avec notamment un polenta take-away. La polenta, ce plat à base de semoule de maïs, est la spécialité de Bergame. Mon arrière-grand mère bergamasque nous en servait à chaque fois que nous lui rendions visite, accompagnée de petits oiseaux comme le veut la tradition, ou parfois de viande de sanglier.

Autant dire que pour moi, la polenta a gardé le goût de l’enfance, et n’en est que meilleure !

Aujourd’hui, les petits oiseaux sont protégés, et si vous trouvez de la polenta e osei, il s’agira en fait d’un dessert, qui aura une forme de dôme jaune, surmonté de petits oiseaux en massepain.

Vous pourrez toutefois déguster une polenta salée, à base de maïs, avec du fromage ou de la charcuterie par exemple. De nombreux restos en proposent. Attention toutefois à éviter les lieux trop touristiques. N’oubliez pas qu’à la base, il s’agit de farine de maïs, donc cela ne devrait pas vous revenir à 20 € !

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Se balader dans les ruelles de la vieille ville est absolument charmant.

L’office de tourisme est facile à trouver. Dans la ville basse, il est à quelques pas de la gare (et propose un réseau de wifi gratuit sans mot de passe), tandis qu’en haut, il est implanté au rez de chaussée de la tour Gombito. Donc il suffit de lever le nez, et hop vous saurez vers où marcher !

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La Torre del Gombito tient son nom du latin « compitum », qui a évolué, est passé par le dialecte bergamasque, pour devenir « gombito« . Mais on ignore exactement le pourquoi de ce nom. D’un côté, cela pourrait signifier « carrefour » car la tour se trouve à l’intersection des deux axes principaux des voies romaines… ou alors, cela viendrait de « compter » puisque  l’on numérotait les rues de la ville à partir de cette tour.

Dans tous les cas, ce que l’on sait, c’est que la Torre del Gombito a été construite au XIIIème siècle, et servait à encadrer les conflits entre les différentes factions présentes dans la ville médiévale.

Aujourd’hui, elle culmine à 51,60 mètres, mais elle a été rabotée au XIXème siècle pour des raisons de sécurité… Avant cela, elle atteignait les 64 mètres ! A sa base, un local commercial abrite désormais l’office touristique. Mais il n’était pas prévu dans la tour originelle. Son installation ne date « que » du XVème siècle.

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La piazza Vecchia constitue le cœur de la ville haute. Vous y reconnaîtrez facilement la fontaine de Contarini, donnée par le doge de Venise, Alvise Contarini, en 1780, à la ville de Bergame.

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Vous ne pourrez pas manquer la tour Civique (Torre Civica), imposant beffroi du XIIème siècle doté d’une horloge du XVème siècle.  Elle servait autrefois à annoncer la fermeture des portes de la ville. On l’appelle aussi Campanone (ou Campanù dialecte local). La tour civique est un poil plus haute que la tour Gombito (52 mètres), et se visite. On peut y grimper à pieds ou par l’ascenseur, pour jouir d’une vue imprenable sur la piazza Vecchia et la piazza del Duomo.

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Avançons en direction de la tour civique… nous arrivons piazza del Duomo…

Bergame alta est vraiment très concentrée, et il n’est nul besoin de marcher des heures pour passer d’une beauté à une autre.

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Le baptistère octogonale est implanté sur la droite. Il date de 1340, et se trouvait initialement dans l’église Santa Maria Maggiore. A la fin du XIXème siècle, il fut déplacé hors de l’église, afin de pouvoir accueillir les non-baptisés, sans les faire pénétrer dans l’édifice sacré.

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Un peu plus à gauche, la chapelle Colleoni trône majestueuse, avec sa façade de marbre rose et blanc. C’est à mon sens la plus belle pièce architecturale à voir à Bergame. On dirait un véritable bijou…

Il est interdit de prendre des photos de l’intérieur, mais la visite est gratuite, et nous n’avons jamais eu à patienter pour en profiter. C’est un concentré d’art et de finesse…

Le Condottiere Colleoni était en effet un très grand chef militaire, qui servit surtout la république de Venise. Mort au château de Malpaga, il fut enterré à Bergame, sa ville de naissance à laquelle il était très attaché.

Il y en a des choses, en si peu de place… et ce n’est pas fini ! Juste à côté de la chapelle Colleoni, on trouve la basilique Santa Maria Maggiore, dans laquelle se trouvait initialement le baptistère. Et encore à gauche, on termine par la cathédrale.

Mais… je vous parlerai de tout cela dans un prochain billet…

A presto !

 

 

 

 

 

 

 

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Malpaga, et le Moyen-Âge est là !

J’avais découvert le château de Malpaga sur internet, en préparant nos vacances.

En effet, ce château médiéval se situait tout près de notre point de chute, dans la région de Bergame, en Italie

Coup de bol, j’avais vu qu’un événement serait organisé le weekend même de notre visite.

Nous nous y sommes donc rendus en voiture depuis notre hôtel de Stezzano. Cela nous a pris un quart d’heure.

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En arrivant à Malpaga le matin, nous avons pu nous garer sans difficulté et gratuitement, puis marcher quelques centaines de mètres pour accéder au château.

Nous avons tout de suite été séduits par l’édifice et par toute la mise en scène. Des tissus avaient été installés, avec des stands en bois, une grande table… On se serait crus revenus au Moyen-Âge !

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Sur un stand, des gens vendaient des couronnes de fleurs, que l’on retrouvait ensuite sur les têtes de toutes les gamines !

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L’entrée du château

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Selon les horaires, il est possible de visiter le château, soit avec un guide en costume, soit avec un audioguide. La visite avec un guide en chair et en os coûte 9 € par adulte. Elle est proposée en italien uniquement.

C’est cette option que nous avons choisie, car une visite commençait juste au moment où nous arrivions.

A savoir, le château peut aussi se visiter en groupe, avec des écoles, ou être privatisé pour des événements particuliers, comme des mariages.

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Le Château de Malpaga date du XIIIème siècle. Initialement, il était en fait une rocca, c’est à dire une forteresse, avec pont levi et fossé, qui servait essentiellement à assumer un rôle défensif contre les allemands.

Puis, avec l’arrivée du condottiere Colleoni, il fut agrandi, à compter de 1456. En effet, le militaire choisit cet imposant édifice, comme centre de son domaine, et y fit construire des maisons pour loger ses soldats.

La forteresse initiale était décorée de motifs géométriques, qui furent recouverts par de nouvelles fresques, figuratives cette fois. Mais par endroits, les fresques d’origine sont encore visibles.

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Ci-dessus, on visualise bien les différentes fresques ; les anciennes, et les nouvelles, apparues par dessus. Notre guide nous montre des exemples de tenues de l’époque. Les femmes portaient des robes lacées sur le devant. Le lacet permettait d’ajuster le vêtement, en cas de grossesse.

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On commence par entrer dans la salle de banquet (photo ci-dessus), richement décorée sous Colleoni. La guide explique rapidement les fresques, nous détaille les principaux protagonistes.

Elle partage avec nous quelques anecdotes intéressantes. Par exemple, j’ai appris que Colleoni interdisait l’utilisation de couverts dans les gros banquets, pour éviter qu’ils soient utilisés comme des armes. Il ne se séparait pas de son épée, même dans son château !

Les emblèmes des Colleoni sont nombreux. Le plus marquant est sans aucun doute cet ensemble de trois paires de couilles… Oui vous avez bien lu, trois paires de testicules, dont l’utilisation sur les blasons est antérieure à la naissance du fameux Condottiere.

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Vous pouvez voir l’emblème sus-mentionné sur la photo ci-dessus, à différents endroits : sous la voûte, en plein milieu de la photo, à peine au dessus entre les deux bougies, et à gauche sur le mur.

Pourquoi cet emblème ? Par rapport au nom « Colleoni » proche de « coglioni » ? Pour représenter la vigueur ? La masculinité ? Pourquoi trois ? Certaines mauvaises langues avancent le fait que les mâles Colleoni auraient étés dotés d’une troisième boule. Des siècles après, le mystère reste entier !

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Sur la photo juste au dessus, vous pouvez voir les créneaux, le terme technique pour ces créneaux bien spécifiques est « Merlatura ghibellina« . Les créneaux se terminent en queue d’hirondelle, au lieu d’être droits, comme les créneaux guelfi.

Les Guelfi et les Ghibellini étaient les deux factions ennemies du XIIème siècle, jusqu’au XIVème. D’un côté, les Ghibellini étaient en faveur de l’Empereur, tandis que de l’autre, les Guelfi appuyaient la papauté.

Sur la photo un peu plus haut, remarquez qu’il y a des espaces pleins, bien plus larges qu’ailleurs (dans l’angle à droite). En fait, ceci était destiné à faire croire au loin, qu’il s’agissait d’une tour… En gros, c’était une tour en 2D, qui pouvait laisser craindre à l’ennemi, que le château était encore plus difficile à prendre qu’il ne l’était réellement. Futé non ?

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La visite était réellement passionnante. La guide expliquait les choses très clairement, sans nous perdre dans des détails compliqués. Elle rappelait bien le contexte, les us et coutumes de l’époque. Même si la visite était en italien et que mon homme n’a jamais appris cette langue, il a réussi à suivre sans trop de difficultés.

En plus, il y a de nombreux objets qui ont été ajoutés pour réaliser des petites mises en scènes. Par exemple, un lit d’époque a été reconstitué dans la chambre du condottiere. Il permet de bien se rendre compte de l’aspect que la chambre pouvait avoir au Moyen-Âge.

La guide nous a expliqué que le condottiere dormait dans un minuscule lit. Nous pensions que cela s’expliquait par sa petite taille. Et bien pas du tout ! Colleoni mesurait 1,80 m ! Un géant pour l’époque ! Mais il dormait assis car c’était l’usage de l’époque, et était sensé faciliter la digestion. En prime, cela lui permettait de se lever plus rapidement en cas de danger ! On en revient toujours au contexte de l’époque, extrêmement violent (comme pour l’anecdote des couverts interdits !).

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La château a été restauré pour la dernière fois en 2008. Rien n’a été ajouté, comme le veut la législation italienne. Mais les éléments encore visibles ont été remis en état. Et honnêtement, même si par endroit les fresques sont incomplètes, il reste beaucoup d’éléments à admirer, et à déchiffrer !

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Dernière petite anecdote : l’eau de pluie était collectée dans un grand réservoir situé dans la cour. On l’utilisait notamment pour remplir un baquet qui servait de baignoire. Tous les membres de la famille se baignaient dans la même eau ; d’abord les hommes, puis les femmes, et enfin les enfants ! Ils utilisaient du savon fabriqué à base d’huile et de cendre.

Avant de quitter le château, nous avons fait un petit tour par l’exposition temporaire, qui présentait les différents symboles, dont les fameuses trois paires de testicules. Puis nous nous sommes baladés à l’extérieur…

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Comme tout n’était pas encore installé, nous avons décidé d’aller voir les communes voisines, et de revenir ensuite, pour assister à la fête de Malpaga…

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L’après-midi nous avons pu assister à des spectacles de bouffons, écouter des musiciens avec leurs instruments médiévaux, approcher des chouettes, et voir tout un assortiment de produits d’artisanat, comme des bijoux faits à la main en métaux, des objets en cuir, etc…

L’homme serait bien resté pour regarder la joute, mais je me lassais un petit peu de rester debout en plein soleil, donc nous sommes repartis. En tout cas, tout était vraiment impeccablement organisé, et les acteurs qui incarnaient les personnages médiévaux étaient vraiment doués.

A noter, les animations de l’après-midi se déroulaient dans la cour et à l’extérieur du château, et étaient donc accessibles à tous, sans avoir à s’acquitter d’un billet d’entrée.

Malpaga

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Cette visite nous a totalement enchantés. Nous avons fait un bond dans le passé. J’avais déjà visité de nombreux châteaux, mais jamais je n’avais été aussi immergée dans la visite. Le fait que la guide (en costume d’époque) nous explique des choses sur la vie quotidienne dans le château, et appuie son récit sur des objets qui reconstituaient les scènes d’époque, a contribué à rendre la visite réellement passionnante.

La fête qui a suivi la visite, a été un chouette bonus…

Nous garderons un excellent souvenir de notre découverte du château de Malpaga.

Si à votre tour vous souhaitez le découvrir, alors je vous laisse le lien vers le site officiel !